L'argent avant l'argent 6e partie Commerce et capitalisme
24/03/2009 22:36
Commerce et capitalisme des temps modernes
C'est l'argent des rois de Castille et d'Aragon, puis de toutes les cours d'Europe, qui finance les expéditions vers le Nouveau Monde, et ouvre la voie au règne des marchands, après celui des guerriers. Au XVIIe siècle, l'argentse concentre en Hollande, première puissance mondiale et reine des mers, avec plus de bateaux de commerce que l'Espagne, la France et la Grande-Bretagne réunies. En Hollande, le modèle capitaliste se met en place : la Banque d'Amsterdam, fondée en 1609, possède le plus gros stock de métaux précieux du monde ; les grandes compagnies des Indes orientales et occidentales ne cessent d'ouvrir des comptoirs de Batavia (Djakarta) à New Amsterdam (New York) ; la Bourse des valeurs connaît la première crise spéculative de l'histoire en 1636-1637, quand le cours des bulbes de tulipe flambe.
L'argent est bien vu par les hommes des temps modernes, qui y voient un gage de progrès et d'universalité pacifique. Ainsi Voltaire écrit-il dans une de ses Lettres philosophiques : « Entrez dans la Bourse de Londres, cette place plus respectable que bien des cours ; vous y voyez rassemblés des députés de toutes les nations pour l'utilité des hommes. Là, le juif, le mahométan et le chrétien traitent l'un avec l'autre comme s'ils étaient de la même religion, et ne donnent le nom d'infidèles qu'à ceux qui font banqueroute. » Londres draine aux XVIIIe et XIXe siècles les richesses du monde. Et l'argent devient « le capital », cet outil de domination décrit par Karl Marx.
Le règne du dollar consacre, au XXe siècle, la suprématie américaine. Vers la fin du siècle, l'argent, qui n'a jamais eu d'odeur, si l'on en croit le proverbe, cesse presque d'avoir une existence physique.